Bonjour ! Aujourd’hui c’est le Blue Monday, officiellement le jour le plus déprimant de l’année.
Pour se remonter le moral, on vous propose une petite session de “Schadenfreude”, ce mot allemand qui désigne “le bonheur qu’on tire du malheur des autres”. On s’est inspirés du compte Instagram Sad Topographies et du magnifique livre que son auteur vient de publier pour compiler les endroits aux noms les plus déprimants de la planète.
Le “Cabo Sur” est l'extrémité méridionale de la basse-Californie, sorte de langue de terre qui descend le long de la côte ouest du Mexique, comme pour aller la chatouiller. Mais c’est aussi un cap qui donne d’un côté sur le calme et la tranquillité d’un golfe abrité et, de l’autre, sur une plage exposée à des courants violents, des vagues bien traîtres et des rochers tranchants. Une ambivalence qu’on retrouve jusque dans le nom du lieu, qui fait se cotoyer la "plage des amants" et celle des "divorcés". Parce que les lieux, comme les relations, ont tous leur côté pile... et leur côté face.
Un peu au sud du Yosemite, de le parc national de la Sierra, se trouve le “Depressed Lake”. Il est seul, isolé, inaccessible, mais, surtout, il imprime dans la géographie l’échec d'une montagne dont le sommet s’est effondré sur lui-même - pour laisser à la place cette flaque encaissée et entourée de pentes abruptes. Après l’échec, la prison : c’est ce qu’on appelle la double peine.
Cette île au nom riant a vu plusieurs épisodes sympathiques. Poste avancé de l’exploitation de peaux de castors - très prisée par les chapeliers du XVIIIème siècle - elle a vu couler le sang de pas mal de rongeurs. Mais pas seulement : un sombre jour de 1736, Jean-Baptiste La Vérendrye, explorateur français, part en éclaireur avec 20 de ses compagnons. Le soir, les canoës n’étant toujours pas rentrés, ceux qui étaient restés à l'arrière se lancent à leur recherche. Ils retrouvent les 21 corps disposés en un cercle régulier, au milieu d'une clairière - tous décapités. Les chasseurs étaient devenus les chassés.
Les habitants de ce village - qui est en réalité à peine plus qu’une rue - ont, malgré les apparences, un très gros avantage : quand on habite à “Rien”, on est évidemment prêt à tout.
Sorte de Santorin de l’Antarctique, Deception est née de l’effondrement d’un volcan marin - créant une caldera qui, à l’époque de la chasse au phoque et à la baleine, offrait un abri précieux à tous les marins qui s’aventuraient dans les eaux hostiles de la Mer de Weddell. Habituée à voir ses eaux virer au rouge aux temps des baleiniers, elle a depuis pris le noir en 2007, quand un paquebot de croisière s’y est échoué, déversant des milliers de litres de gasoil dans son anse.
C’est ce qui s’appelle se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Rien ne destinait ce morceau de terre à porter un aussi sombre patronyme… quand les autorités de Port Arthur décidèrent de construire une prison juste en face. L’île devint alors le cimetière de ces bannis de la société, souvent morts de maladie, de dysentrie ou d'assassinats à l'intérieur même de leur prison aux conditions de vie déplorables. A l'époque, l'île était uniquement habitée par le gardien du cimetière - chargé de creuser les tombes et d’enterrer les corps. Un poste qui est à pourvoir depuis que son dernier titulaire a fui l’île après une nuit de tempête cauchemardesque, affirmant avoir été poursuivi par la fureur de “Sa Majesté Satan”.
La plage de la Baie des Trépassés est devenu un spot de surf où quelques Bretons courageux s’inventent une vie à la west coast californienne. Mais le soleil n’a pas toujours brillé sur cette petite langue de terre : quand les cartes étaient moins sûres, et les bateaux moins solides, les corps des naufragés dont les navires avaient échoué sur les rochers de la Pointe du Raz ou de l’île de Sein étaient portés par les mêmes vagues que les surfers d’aujourd’hui cherchent à rider.
Pendant la ruée vers l’or, des colons venus du monde entier affluaient vers la Californie, avides de richesses et pressés de s'inventer une nouvelle vie. Ils s’engagaient dans des explorations aveugles, à travers des montagnes non cartographiées et dans lequelles personne ne pouvait les guider - espérant au hasard de leurs pérégrinations tomber sur le filon qui changerait leur vie. Les noms qu’ils ont laissés à ces lieux est le dernier témoignage de l'ampleur de leur déception.
Sad Topographies, c'est au départ un compte Instagram qui recensait les noms les plus déprimants de Google Maps. Depuis, son auteur a publié un très beau livre dans lequel il part en quête des histoires qui ont valu à ces villages, îles ou montagnes ces noms si déprimants. Le résultat est aussi beau dans les illustrations que dans les textes. On vous le recommande vivement !
Inscrivez-vous à Merci Alfred pour recevoir deux fois par semaine des idées qui changent.
Votre mail servira uniquement à vous envoyer la newsletter Merci Alfred.
Il ne sera jamais communiqué à un tiers, et un lien de désabonnement sera présent dans chacun de nos mails.
Pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits, c’est ici