Dans un avenir pas si lointain, je sors de chez moi… et descends les 420 étages qui me sépare de la rue. J’attrape à la volée un dromadaire en libre accès. Je suis trop à la bourre pour rejoindre mon pote au match de la finale de la coupe du monde 2048 de foot.

- Salut bro !

- Ah bah enfin ! Où as-tu posé ton dro ?

- Pas loin, héhé. Avec la nouvelle maj de drop’n dro, jpeux voir en temps réel sur quelle butte y a de la place. Là il n’y avait qu’un dromadaire, ça lui a fait un pote !

- Mec la dernière fois, j’ai épuisé toute son eau avant de trouver une place… Elle est géniale cette maj.

- N’empêche, j’étais sceptique avec ce réchauffement climatique et la remontée des dromadaires jusqu’à Toulouse, mais il faut reconnaître qu’on a quand même bien rattrapé le coup.

- Par contre quand t’es bourré tu ne le fous plus dans la Garonne…

- Hahaha

- …

- On n’est pas bien là ? Avec ces nouveaux revêtements en girofle, on est plutôt posey, non ?

- C’est clair, l’ancien mobilier en champignons de paris me donnait des allergies.

- Pareil !

- T’as pris quoi à boire ?

- Des bières au soja, comme t’aimes.

- Top !

- Vas-y, mate la pimbèche qui se prend un verre de syrah !

- Grave, si je fais ça c’est mon salaire qui y passe…

- Ah la vache, le rythme cardiaque de Zlatan Jr d’avant match, t’as vu ça, il chute à fond

- Je vais perdre mon pari ! J’avais parié 33 – 25 au tiers temps

- T’avais parié quoi cette fois ?

- 1 semaine de bénévolat dans un champ de permaculture dans le bled d’à côté.

- Ok...

- Ah !!! C’est les cigales ! Le match va commencer.

- J’entends-pas, c’est ton nouvel implant ?
 

Dans un avenir pas si lointain je sors de chez moi… c’est jour de marché, et je vois Sarah en pleine conversation dans la rue bruyante et pluvieuse.

Antoine : « Et toi tu as quel âge ? je n’arrive pas à deviner avec ton style écorce vintage »

Sarah : « Vintage toi-même avec ton poil de hipster ! »

Antoine : « Non mais sérieusement, et d’abord j’suis pas hipster je suis vegan. »

Sarah : « Ah ok ! Et tu me demandais mon âge dans quel référentiel en fait ? mon âge Phygital ? »

Antoine riant doucement « Non je parle de ton âge depuis ton premier bourgeon, Sarah »

Sarah : « Ouh là, j’ai 1342 ans, on m’avait installé la version Android Kit Kat je me souviens. »

Antoine : « Ca veut dire que toi tu as connu les saisons ? tes circuits imprimés ont dû chauffer un peu durant l’été 2013. »

Sarah : « oui mais depuis qu’on peut échanger entre nous les énergies multiples avec le réseau blockchain électrique Ohm,la surchauffe n’est plus un problème ! Regarde Marc au bout de la rue, il commence à jaunir. Pour l’aider je n’ai qu’à ajuster un peu le niveau d’eau et voilà ! »

J’ose pour la première fois les interrompre : « Excusez-moi Madame, sur ma tablette j’ai la version Android Spacecake Robin elle fonctionne super vite ! Si vous voulez je peux vous l’installer. Je m’appelle Prince Jr. »

Aucune réponse jusqu’au bruissement d’une feuille qui tomba doucement au pied d’un animal aux yeux ronds.

Antoine : « C’est avec nous qu’il parle ? Il nous comprend ? »

Sarah : « Oui j’ai l’impression » dit-il…

Depuis quand les humains comprennent le langage de la Symbiose ? »

Prince : « Eh oh, je vous entends ! et oui je vous comprends, à chaque fois je vous écoute débattre de vos mémoires collectives. C’est très intéressant. Pour un renard et un arbre, vous êtes de drôle de pipelettes. »

Sarah : « Incroyable ! Le jour de l’EmpathDay est enfin arrivé ! »

Antoine : « Les humains nous comprennent, ils ont enfin réussi à dépasser la barrière entre le monde physique et digital. Elle n’existe plus. »

Dans un avenir pas si lointain, je sors de chez moi… et je me dis que j’ai trop de chance aujourd’hui : c’est la première journée de ma nouvelle vie ! Je suis sur mon vélo, et, par cette belle matinée qui promet d’être chaude, sous le joli soleil levant, je pédale joyeusement vers le nouveau laboratoire d’apprentissage partagé de mon quartier. J’ai un peu le trac.

Dès que j’arrive à la porte du laboratoire, je découvre un jardin incroyablement luxuriant où un jardinier s’affaire déjà. Mes petites inquiétudes s’apaisent pour laisser la place à de l’excitation.

« T’en as déjà vu, toi, des abeilles ? »

Surpris, je cherche d’où vient la petite voix qui m’a posé cette drôle de question. Une petite fille, surgit de sous un buisson fleuri en riant.

Amusé, je lui réponds : « Ben non, et toi ? »

Nous nous regardons tous les deux en souriant et soudain, nous entendons un bourdonnement léger.

« Tu crois que c’est le chant des abeilles ? Ca me fait penser aux vidéos que mon papi et ma mami me montraient quand j’étais petite, et  qui me disaient qu’ils vivaient avec les abeilles ».

« Tu as quel âge ? »

« J’ai 6 ans et je m’appelle Jeanne, et toi ? ».

« Et ben moi, j’ai l’âge d’en avoir vu tout petit : 50 ans ! Je m’appelle Camille. »

« Bonjour, vous êtes là pour le cours d’apiculture ? »

Nous nous retournons tous les deux vers le jardinier. Nous n’avions pas vu qu’il s’était arrêté dans son travail pour nous écouter.

« C’est marrant, tu ressembles à un jardinier : t’as des lunettes, t’as une barbe, t’as une salopette verte et tu sens l’herbe coupée ! ».

« Ben oui, je suis jardinier, et je suis éveilleur aussi ! ».

« Eveilleur ? Ah ma maman aussi, elle est éveilleuse. En transformation de poubelles ! Et toi, t’es éveilleur en quoi ? »

« En regénération d’écosystèmes par les abeilles »

« C’est quoi gégération ? »

« Suivez-moi, je vais vous montrer. Au fait, je m’appelle Robert et je suis passionné par mes amies les abeilles. Elles avaient presque disparu il y a cinquante ans, et la ville de Grand Paris, grâce à ce laboratoire des apprentissages partagés, a décidé de conserver et développer les abeilles. C’est moi qui suis en charge de former les membres de notre communauté de soigneurs d’abeille du quartier « Colinne de Belleville », dont vous faites partie dès aujourd’hui. »

Au bout du chemin bordé d’une multitudes d’espèces de fleurs et chargé de senteurs, nous nous dirigeons vers des drôles de petites cabanes.

« Ce que vous voyez ici, c’est des ruches, et grâce à elles, nous allons expérimenter de beaux moments ensemble ».
 

Dans un avenir pas si lointain, je sors de chez moi… et je vais à la gare transport inter-espèces. L’air ambiant est frais, comme souvent à la campagne au mois de mai. J’ai pris un peu de temps ce matin pour profiter de cette belle matinée, je suis probablement en retard pour récupérer mon green bag.

Hervé : Bonjour Nathalie, je vais à Belleville ce matin, sais-tu ce que contient mon green bag ?

Nathalie : C’est rouge avec des pois noirs et cela porte bonheur. Alors Hervé, as-tu une idée ? dit-elle en minaudant.

Hervé : Super des coccinelles.

Nathalie : Enfin des larves, pour les rosiers du parc de Belleville.

Hervé attrape son green bag et se presse pour prendre son train qui commence à partir. Hervé cherche sa place, la 44 est déjà prise.

Hervé : Bonjour, êtes-vous sûr d’être à votre place ?

Siobhan : Avec mon green bag de fraises, j’avais besoin d’une place plus grande. Comme je dois aller jusqu’à calais, j’ai dû prendre plusieurs Green Bag pour payer mon trajet.

Hervé : Vous avez bien raison, ce système de livraison collaborative est très bien pratique et profitable à tous.

Siobhan : Et cela me rend fier de contribuer à la redistribution des ressources avec un moindre impact écologique !

Jusqu'au 17 juillet, à vous de prendre la plume pour écrire votre nouvelle sur le thème " La ville de demain ". Six à huit nouvelles seront sélectionnées et éditées en BD.

Pour participer, c'est là.