Le paradoxe de l'info
Pourquoi on n'a jamais été aussi mal informé
16-01-2018Pourquoi ? Parce qu’on confond trop souvent l’information… et l’actualité.
L’actu ? C’est celle que vous suivez en permanence sur votre téléphone, et qui ressemble à ça :
S’il vibre toutes les trentes secondes, c’est normal. Tous les deux jours, l’humanité produit autant de données qu’entre ses origines et... 2003. Alors si on est noyé d'infos, c’est d'abord parce qu’aujourd’hui, tout le monde peut publier du contenu.
Résultat ? En moyenne, un Américain consomme chaque jour l’équivalent de 174 quotidiens papier. Ce phénomène de gloutonnerie d’actualités, c’est ce qu’on appelle :
A priori, on pourrait croire que c’est une bonne nouvelle. Parce que, logiquement :
Sauf qu’en fait... NON.
D’abord parce qu’il y a de moins en moins de contenus originaux. En 2013, l’économiste Julia Cagé a décortiqué 850.000 articles publiés en ligne. Son constat ? 64 % des papiers sont du copié-collé pur et simple.
Pourquoi les journalistes font-ils ça ? Parce qu’avec le passage au digital, les médias n’ont plus tellement intérêt à produire de l’info, ils doivent surtout être les premiers à la relayer.
Le meilleur exemple, c'est l'affaire Snowden : en moins de deux heures tous les sites d'actu avaient repris le scoop publié par Le Monde et l'AFP.
Relayer les infos, ça permet aux médias de toucher une plus grande audience, de vendre plus de pub… et surtout, ça prend beaucoup moins de temps que de faire une vraie enquête. Et en plus, ça permet de réduire les coûts en embauchant moins de journalistes.
Moins enquêter, et davantage relayer, ça pose aussi la question de la fiabilité des informations. La course au scoop est un boulevard à fake news, dont l’un des grands profiteurs est Donald J. Trump : depuis qu’il est président, il a quand même fait 1950 erreurs dans ses déclarations officielles...
Mais au-delà de tout ça, la vraie question, c’est notre rapport à l’information. Les réseaux sociaux véhiculent une actualité immédiatement disponible, en permanence. Alors qu’idéalement, il faudrait choisir de s’informer moins… mais mieux.
Ou plutôt : passer de l’actualité à l’information.
Alors en 2018, arrêtez l’actu. Mettez-vous à l’info.